À Bornéo, les sales méthodes d’un groupe minier zougois

La petite communauté chrétienne se réunit pour la Semaine sainte dans le village dayak de Tumbang Olong, en plein centre de Bornéo.

La petite communauté chrétienne se réunit pour la Semaine sainte dans le village dayak de Tumbang Olong, en plein centre de Bornéo.

La petite communauté chrétienne se réunit pour la Semaine sainte dans le village dayak de Tumbang Olong, en plein centre de Bornéo.

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La petite communauté chrétienne se réunit pour la Semaine sainte dans le village dayak de Tumbang Olong, en plein centre de Bornéo.

La petite communauté chrétienne se réunit pour la Semaine sainte dans le village dayak de Tumbang Olong, en plein centre de Bornéo.

La petite communauté chrétienne se réunit pour la Semaine sainte dans le village dayak de Tumbang Olong, en plein centre de Bornéo.

Sur le parvis vibrant de l’église, une cinquantaine de tongs et de sandales attendent patiemment leur propriétaire. En ce Vendredi saint, la petite communauté chrétienne de Tumbang Olong s’est rassemblée afin de prier pour la santé de l’un de ses membres absents. Sius est tombé subitement malade après une discussion houleuse avec les autorités locales concernant la mine de charbon adjacente à ce village, situé au cœur de la forêt tropicale de Bornéo.

Tumbang Olong. Son monument où passe l’équateur, ses deux sous-villages sobrement appelés Tumbang Olong I et Tumbang Olong II, et sa fratrie de politiciens à leur tête. Majoritairement peuplée d’autochtones dayaks, cette petite bourgade du Kalimantan (la partie indonésienne de l’île) était réputée paisible et éloignée de tout.

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Mais depuis 2019, l’exploitation d’une mine de charbon, située à une vingtaine de kilomètres en amont, divise la communauté. Ses 900 habitant∙e∙s vivent désormais au rythme des excavatrices et des camions de la société Borneo Prima, qui opère pour le compte du conglomérat IMR Holding , domicilié à Zoug. Elle creuse une cicatrice de suie et de boue sur le crâne dégarni de la colline. Jusqu’à rendre malade la communauté.

Alors, au sortir de la messe pascale sur cette terre interconfessionnelle, l’arrivée de visiteurs chargés de questions ne passe pas inaperçue. Avec le soutien de l’ONG bâloise Bruno Manser Fonds, Public Eye et l’organisation environnementale indonésienne Walhi ont passé une semaine sur place pour enquêter sur les sales méthodes d’une mine suisse très envahissante.

La route de la suie

À Tumbang Olong, malgré le pinang colorant les gencives quand on l’a mâché et la douceur du thé qui rend la bouche pâteuse, les langues se délient vite dès que l’on évoque « BP », l’acronyme qui désigne ici Borneo Prima.

Les bulldozers du groupe minier ont commencé par emporter les 300 hévéas de Monsieur Azis, « sans consultation ni préavis ». Puis, ils se sont emparés de la parcelle où repose l’âme de la tante de Dewi Sertika. La mine a fini par contaminer la source d’eau qui approvisionne toute la communauté : celle de Manan et Ilum, le premier couple installé dans le village.

Les mineurs de charbon ont, sans sommation, rasé les 300 arbres à caoutchouc d’Azis. Le gardien du camp forestier a finalement obtenu une indemnisation.

Les mineurs de charbon ont, sans sommation, rasé les 300 arbres à caoutchouc d’Azis. Le gardien du camp forestier a finalement obtenu une indemnisation.

Les mineurs de charbon ont, sans sommation, rasé les 300 arbres à caoutchouc d’Azis. Le gardien du camp forestier a finalement obtenu une indemnisation.

La mine du groupe IMR produit 2,3 millions de tonnes de charbon par an, exclusivement transportées par camion sur une piste cahoteuse et accidentée de 140 kilomètres, jusqu’au terminal fluvial de Muara Laung. Depuis là, le charbon est convoyé sur de larges barges paresseuses le long du fleuve Barito, pour être expédié sur les marchés étrangers ou sur l’île de Java, où IMR possède une usine sidérurgique.

Mais avant cela, les poids lourds doivent traverser Tumbang Olong I. Un ballet incessant de dizaines de milliers de camions par an, qui déversent de-ci de-là des piles de charbon et lèvent des nuages de poussière. Quand il ne laisse pas des véhicules accidentés sur le chemin. Manan, l'ancien guide spirituel Damang de la communauté dayake, résume le sentiment ambiant :

« On nous traite comme de la pelure de cacahuète ».

Des parias sur leur propre terre.

Illum et Manan ont été les premiers habitant·e·s de Tumbang Olong II. Manan était le Damang de la communauté dayake, un guide spirituel partageant son pouvoir avec le chef du village et le Conseil indigène.

Illum et Manan ont été les premiers habitant·e·s de Tumbang Olong II. Manan était le Damang de la communauté dayake, un guide spirituel partageant son pouvoir avec le chef du village et le Conseil indigène.

Illum et Manan ont été les premiers habitant·e·s de Tumbang Olong II. Manan était le Damang de la communauté dayake, un guide spirituel partageant son pouvoir avec le chef du village et le Conseil indigène.

Au sortir de l’église, Dewi Sertika a la tête pleine d’anecdotes : « Les autorités disent qu’il n’y a aucun problème. Mais le chef de Tumbang Olong II n'a pas osé boire mon eau ». Pour cette jeune mère, comme pour l’écrasante majorité de la communauté, les rivières restent la source d’eau pour tous les besoins de la vie quotidienne : consommation, hygiène personnelle, lessive et nettoyage. Depuis l’ouverture de la mine, c’est tout un mode de vie qu’il faut réinventer. En particulier lors de la saison des pluies, quand les eaux charrient le charbon et la poussière jusque dans les foyers, les poumons et les estomacs.

Pour ses besoins quotidiens, Dewi Sartika s'approvisionne à la petite rivière derrière sa maison de Tumbang Olong. L'eau est parfois très sale, car la boue de la route se déverse directement dans la rivière.

Pour ses besoins quotidiens, Dewi Sartika s'approvisionne à la petite rivière derrière sa maison de Tumbang Olong. L'eau est parfois très sale, car la boue de la route se déverse directement dans la rivière.

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Pour ses besoins quotidiens, Dewi Sartika s'approvisionne à la petite rivière derrière sa maison de Tumbang Olong. L'eau est parfois très sale, car la boue de la route se déverse directement dans la rivière.

Pour ses besoins quotidiens, Dewi Sartika s'approvisionne à la petite rivière derrière sa maison de Tumbang Olong. L'eau est parfois très sale, car la boue de la route se déverse directement dans la rivière.

BP est engagée, depuis son installation, dans un bras-de-fer avec la communauté dayake. Faute de pouvoir contraindre le groupe minier à respecter l’environnement, cette dernière lui demande d’amener au moins l’eau potable à Tumbang Olong via un système de citernes. Les mineurs font la sourde oreille et IMR, la multinationale qui les emploie, s’est murée dans le silence depuis les premiers rapports critiques du Bruno Manser Fonds au début de 2022. De fait, BP ne semble réagir que lorsque les habitant∙e∙s organisent des blocages sur la route qui lui permet d’écouler son charbon.

Dans son rapport d’impact environnemental que nous nous sommes procuré, produit et signé de la main de son directeur en janvier 2013, BP analyse minutieusement la démographie ainsi que le potentiel de conflits avec son voisinage. Alors que 68 % des membres de la communauté dépendent de l’agriculture pour survivre, et que les cours d'eau Murung et Barito sont utilisées pour « boire, se baigner et se laver », la société anticipe un « impact négatif significatif » sur la qualité de l’eau. La société promet l’installation d’un bassin de sédimentation afin de réduire l’érosion et limiter le drainage minier acide. Dix ans après l’écriture du rapport, nous n’en avons pas trouvé la moindre trace sur place. Plus étonnant encore : BP y reconnaît être sur le point d’opérer sur le territoire d’espèces protégées, comme le macaque à longue queue, le calao rhinocéros (une espèce d'oiseaux à grand bec surmonté d’un casque) ou le martin-pêcheur méninting. Mais aucune mesure n’est envisagée afin de préserver leur habitat, alors que la faune doit bénéficier normalement d’un programme de reforestation pendant et après les opérations minières.

Le charbon est empilé sur le site du terminal Muara Laung, avant d’être chargé sur des barges sur la rivière Barito.

Le charbon est empilé sur le site du terminal Muara Laung, avant d’être chargé sur des barges sur la rivière Barito.

Le charbon est empilé sur le site du terminal Muara Laung, avant d’être chargé sur des barges sur la rivière Barito.

De leur côté, les autorités locales ne semblent pas se soucier des statistiques sanitaires. En 2022, les maladies respiratoires ont représenté la première source de consultation au centre médical local, qui accueille les patient∙e∙s des cinq villages voisins de la mine, selon un rapport interne que nous avons pu consulter. Depuis l’ouverture de la mine en 2019, les statistiques ne cessent de se détériorer, et les problèmes respiratoires représentent désormais 30 % des consultations médicales. La cheffe de service n’y voit toutefois que les « effets du changement climatique », qui augmentent les précipitations. Et qu’importe si les habitant∙e∙s de Tumbang Olong I et II, les plus proches de la mine, sont surreprésenté∙e∙s dans les statistiques. « BP anticipe les problèmes liés à la poussière des camions en versant régulièrement de l’eau sur la route », justifie-t-elle dans une curieuse expertise médicale.

Le camp des travailleurs de Borneo Prima se situe à quelques dizaines de kilomètres de Tumbang Olong. Le site est en permanence congestionné par la vaste flotte de camions de la société minière.

Le camp des travailleurs de Borneo Prima se situe à quelques dizaines de kilomètres de Tumbang Olong. Le site est en permanence congestionné par la vaste flotte de camions de la société minière.

Le camp des travailleurs de Borneo Prima se situe à quelques dizaines de kilomètres de Tumbang Olong. Le site est en permanence congestionné par la vaste flotte de camions de la société minière.

Les lignes de faille

La pollution de l’eau, de l’air et des cultures est un problème récurrent dans le Kalimantan, une région meurtrie par le commerce de bois, l’industrie de l’huile de palme et, désormais, les mines de charbon. Les équipes des ONG environnementalistes Jatam, basée à Jakarta, et Greenpeace ont effectué des dizaines de prélèvements dans les cours d’eau des régions minières. Les résultats sont désastreux. Dans près de deux tiers des échantillons prélevés par Jatam, l’eau contenait un taux d’aluminium supérieur à 0,5 ppm, nuisible à la culture du riz.

Contactée par Public Eye, l’ONG Jatam pointe le manque de réglementation et l’absence de volonté de l'État d’effectuer des contrôles. Alors que les concessions minières couvrent 10 % du territoire national, « il n’existe toujours aucune limite légale concernant la présence de métaux lourds comme l’aluminium », explique son porte-parole Ki Bagus Hadikusumo. « Et les standards sur l’acidité des cours d’eau sont trop bas et ne permettent pas de protéger l’agriculture et la pêche ». Soit les activités principales de ces communautés rurales.

À Tumbang Olong, village dépourvu d’électricité et d’eau courante, la plupart des habitations sont des huttes en bois.

À Tumbang Olong, village dépourvu d’électricité et d’eau courante, la plupart des habitations sont des huttes en bois.

À Tumbang Olong, village dépourvu d’électricité et d’eau courante, la plupart des habitations sont des huttes en bois.

La forêt tropicale de Bornéo est l’une des plus vastes au monde et héberge un écosystème unique dont l’orang-outan est le plus symbolique représentant.

La forêt tropicale de Bornéo est l’une des plus vastes au monde et héberge un écosystème unique dont l’orang-outan est le plus symbolique représentant.

La forêt tropicale de Bornéo est l’une des plus vastes au monde et héberge un écosystème unique dont l’orang-outan est le plus symbolique représentant.

Au cœur de Bornéo, la deuxième forêt tropicale au monde par sa superficie assure la survie d’un écosystème unique, avec plus de 6000 plantes endémiques et de nombreuses espèces menacées, comme l’orang-outan ou le singe gibbon. Les communautés dayakes y étaient majoritairement nomades et vivaient isolées. À la fin des années 1990, les futur∙e∙s habitant∙e∙s de Tumbang Olong se sont rapproché∙e∙s des voies de communication pour s’y établir, tout en conservant leurs traditions et une culture de la transmission orale. L’environnementaliste et juriste dayak Thomas Wanly résume : « La division du territoire est marquée à l’œil nu par une ligne de crête ou des canaux naturels. Un grand arbre peut marquer la séparation entre deux propriétés ». L’arrivée des groupes miniers a fait basculer les communautés dans une autre réalité.

Thomas Wanly est l’un des plus féroces opposants à la société opérant la mine de charbon. Le juriste dénonce plusieurs cas d’accaparement des terres dayakes.

Thomas Wanly est l’un des plus féroces opposants à la société opérant la mine de charbon. Le juriste dénonce plusieurs cas d’accaparement des terres dayakes.

Thomas Wanly est l’un des plus féroces opposants à la société opérant la mine de charbon. Le juriste dénonce plusieurs cas d’accaparement des terres dayakes.

Collaborant au programme intergouvernemental Heart of Borneo, qui vise à préserver la biodiversité et les populations locales, Thomas Wanly accompagne cinq cas d’accaparement de terres par Borneo Prima. Son dernier dossier s’est soldé, en guise de compensation, par l’engagement de sa cliente comme cuisinière au sein des opérations minières. Mais le juriste continue à rouler son bout de rocher, malgré un récent AVC qui lui a paralysé une partie du corps. Car pour lui, le plus révoltant, c’est que la tradition orale dayake a constitué une « faille juridique » exploitée avec cynisme par Borneo Prima pour « prendre leurs terres ». En échange, les propriétaires reçoivent parfois un dédommagement et une promesse d’emploi... qui ne se matérialise que rarement.

Public Eye a pu rencontrer plusieurs employé∙e∙s de BP, dont les noms ont été modifiés pour éviter les représailles. Anang* a le cuir tanné et les avant-bras de ceux qui sont habitués à serrer des boulons. Comme une partie de la communauté, il a postulé chez BP, pour y gagner l’équivalent d’un franc de l’heure. Moitié moins que chez la concurrence, selon Anang : « Le salaire n’est pas bon ici. On y travaille la cigarette au bec et sans ceinture de sécurité. Cette année, j’ai déjà vu une douzaine d’accidents avec fracture ou commotion ».

C’est sur la rivière Barito que le charbon de Borneo Prima est charrié en direction de la mer. Le port de Puruk Cahu accueille également des pêcheurs et des chercheurs d’or.

C’est sur la rivière Barito que le charbon de Borneo Prima est charrié en direction de la mer. Le port de Puruk Cahu accueille également des pêcheurs et des chercheurs d’or.

C’est sur la rivière Barito que le charbon de Borneo Prima est charrié en direction de la mer. Le port de Puruk Cahu accueille également des pêcheurs et des chercheurs d’or.

Malgré tout, ils sont encore nombreux à vouloir travailler pour BP. Raya, qui porte un uniforme usé, se dit « prêt à tout, même à ramasser les déchets pour y retourner. Mais ils m’ont dit que j’avais passé l’âge productif ». C’est le paradoxe minier. À Tumbang Olong, tout le monde s’accorde pour critiquer les externalités négatives qui vident les campagnes, mais la mine est la seule source d’emploi de la région. Selon nos estimations, BP emploie une quinzaine de personnes dayakes, soit à peine 5 % de sa main-d’œuvre. Dans son rapport d’impact environnemental de 2013, la société promettait d’atteindre 65 %. Du côté des huttes en bois de la communauté, la question des « promesses non tenues » du groupe minier revient en boucle.

Raya porte encore un uniforme usé de Borneo Prima, l’un des deux employeurs de la région. Bien qu’il dise avoir passé “l'âge productif" selon le groupe minier, il ne désespère pas de retrouver une source de revenus.

Raya porte encore un uniforme usé de Borneo Prima, l’un des deux employeurs de la région. Bien qu’il dise avoir passé “l'âge productif" selon le groupe minier, il ne désespère pas de retrouver une source de revenus.

Raya porte encore un uniforme usé de Borneo Prima, l’un des deux employeurs de la région. Bien qu’il dise avoir passé “l'âge productif" selon le groupe minier, il ne désespère pas de retrouver une source de revenus.

Les sociétés suisses actives dans le pays pourraient par ailleurs bientôt être en mesure de contourner la justice indonésienne. Après l’accord de libre-échange signé en 2018 et validé par votation populaire en 2021, la Suisse a récemment conclu avec Jakarta un nouveau traité bilatéral d’investissement (TBI) visant à protéger les intérêts de ses entreprises, en leur permettant de contourner la justice nationale pour s’adresser directement à une cour privée. Ces droits ne sont assortis d'aucune obligation pour les investisseurs. La responsabilité de respecter les droits humains ainsi que les normes environnementales n'est pas stipulée de manière contraignante dans l'accord.

L’État invisible

La stratégie de renoncement du gouvernement indonésien détonne dans un pays habitué à tirer son destin par la bride. Que ce soit la proclamation d’indépendance au sortir de la Deuxième Guerre mondiale, la création et l’imposition d’une langue nationale sur un territoire morcelé en 17 000 îles et quelque 700 langues ou la poursuite de grands projets démographiques (comme le programme étatique Transmigrasi et ses 2,5 millions de déplacé∙e∙s vers les îles les moins peuplées au début des années 1980) ou de sécurité alimentaire (Mega Rice ou plus récemment Food Estate).

Dans son rapport Hungry Coal, Jatam décrit un pays en conflit perpétuel entre les intérêts de l’industrie du charbon et la lutte pour assurer l’alimentation d’une population en pleine croissance – près de 300 millions de personnes en 2030. Les mines grignotent en effet les terres les plus fertiles, entrant – sur un territoire de plus en plus exigu – directement en concurrence avec la culture du riz, base de l’alimentation locale.

Les mines de charbon en Indonésie

Les 998 mines de charbon d’Indonésie sont très inégalement réparties dans les provinces du pays. La plupart des mines se trouvent au Kalimantan, la partie indonésienne de l'île de Bornéo.

Le charbon est acheminé par camion jusqu’au terminal fluvial, puis transbordé sur des barges, pour finalement être transporté par la mer.

Mine opérée par Borneo Prima et village de Tumbang Olong

Terminal de charbon Muara Laung

Mine KEL, propriété de Mercuria

Porté par la libéralisation des investissements étrangers, puis par la décentralisation des procédures minières, qui octroie aux pouvoirs régionaux la compétence d’attribuer des concessions, le nombre de licences d’exploitation a explosé dans les années 2000. Une décennie plus tard, l’Indonésie est devenue le premier exportateur mondial de cette roche sédimentaire, devant l’Australie. Pour le seul charbon, 998 licences d’exploitation, couvrant plus de neuf millions d’hectares, sont aujourd’hui en vigueur, principalement au Kalimantan et à Sumatra ; malgré une récente rationalisation de l’État central, qui a supprimé des centaines de licences non exploitées ou non viables.

La route reliant la mine de charbon au terminal portuaire permet aussi de se rendre à Tumbang Olong. Le voyage de 140 km garantit poussière, charbon et véhicules accidentés.

La route reliant la mine de charbon au terminal portuaire permet aussi de se rendre à Tumbang Olong. Le voyage de 140 km garantit poussière, charbon et véhicules accidentés.

La route reliant la mine de charbon au terminal portuaire permet aussi de se rendre à Tumbang Olong. Le voyage de 140 km garantit poussière, charbon et véhicules accidentés.

En 2023, le ministre de l’Énergie et des Ressources minières anticipe une production de 695 millions de tonnes de charbon, dont les trois quarts sont destinés aux puissances régionales comme la Chine, l’Inde ou la Corée du Sud.

Grâce à ses kilomètres de côtes et ses longs fleuves, l’Indonésie n’a pas dû investir dans de coûteuses infrastructures, comme des voies ferroviaires modernes, pour exporter son charbon. Son industrie repose en grande partie sur une fourmilière de petites mines tournées vers la voie fluviale ou maritime la plus proche.

Dans un territoire morcelé, la plupart des mines indonésiennes se situent à proximité d’un cours d’eau. Le charbon est convoyé sur ce type de barges avant de rejoindre des centrales thermiques ou usines sidérurgiques.

Dans un territoire morcelé, la plupart des mines indonésiennes se situent à proximité d’un cours d’eau. Le charbon est convoyé sur ce type de barges avant de rejoindre des centrales thermiques ou usines sidérurgiques. 

Dans un territoire morcelé, la plupart des mines indonésiennes se situent à proximité d’un cours d’eau. Le charbon est convoyé sur ce type de barges avant de rejoindre des centrales thermiques ou usines sidérurgiques. 

Un système qui a également « permis aux pouvoirs régionaux de s’enrichir au passage » via l’octroi de licences, soutient avec amertume Ki Bagus Hadikusumo, de l’ONG Jatam. Les élites politiques sont par ailleurs largement investies dans le secteur minier, y compris jusqu’au plus haut niveau. Deux fils du président Joko Widodo (surnommé « Jokowi ») ont été membres du conseil d’administration d’une société minière active dans le charbon, et plusieurs de ses ministres en sont directement propriétaires. Le législatif n’échappe pas à cette emprise. Selon une analyse de Jatam, 55 % des membres du Parlement sont entrepreneurs, dont la moitié dans le secteur minier. Transparency International classe l’Indonésie à la 110e place (sur 180) de son Indice de perception de la corruption. Près d’un tiers de la population dit avoir dû payer un pot-de-vin à un fonctionnaire au cours des douze derniers mois.

Les voix du développement

Issu d’une dynastie politique, Tarigan est à la tête de Tumbang Olong I depuis dix-sept ans. La route qui traverse le village a été construite quand il était enfant par une société d’exploitation forestière. Le jeune quadragénaire, qui achèvera son troisième et dernier mandat en 2025, reconnaît la difficulté de son rôle de médiateur entre la communauté et la mine. S’il souligne la nécessité de poursuivre le développement économique afin de « renforcer la communauté », Tarigan émet des réserves quant à la possibilité de vivre « côte à côte » avec une « entreprise qui n’affiche aucune responsabilité sociale et environnementale ».

Faute d’accès à l’eau courante, ce sont les rivières qui fournissent tous les besoins quotidiens. La contamination des eaux par l’exploitation minière représente un risque majeur.

Faute d’accès à l’eau courante, ce sont les rivières qui fournissent tous les besoins quotidiens. La contamination des eaux par l’exploitation minière représente un risque majeur.

Faute d’accès à l’eau courante, ce sont les rivières qui fournissent tous les besoins quotidiens. La contamination des eaux par l’exploitation minière représente un risque majeur.

Son dilemme, c’est celui auquel est confrontée toute l’Indonésie, quatrième pays le plus peuplé au monde. Le président Jokowi se garde bien de critiquer l’extraction minière et ses dérives. Élu en 2013 sur la promesse de maintenir un taux de croissance économique de 7 %, il n’a fait que renforcer la dépendance du pays envers le Roi charbon ; tant au niveau des exportations que de la consommation domestique d’électricité issue de la roche sédimentaire. La part du charbon dans le mix énergétique atteint aujourd’hui 60 %, et elle devrait continuer à progresser, portée par l’ouverture de mines ainsi que la construction de centrales thermiques, dans le cadre d’un vaste programme gouvernemental lancé en 2015. Nom de code : « 35 GW », comme la capacité additionnelle du réseau électrique, dont 20 gigawatts sont liés au charbon.

Preuve que le sujet met mal à l’aise, des officiels indonésiens ont bien voulu nous rencontrer, mais uniquement sous couvert d’anonymat. « Le charbon est un mal nécessaire afin de porter notre développement. C’est une énergie transitoire ». C’est le message officiel. Le pays s’accorde, comme l’Inde, jusqu’à 2060 pour atteindre le « net zero », la neutralité en émissions carbone. Et jusqu’en 2037 pour sortir de la plus polluante des énergies fossiles, tout en continuant à multiplier les investissements dans ses infrastructures.

Le long des routes, la machinerie lourde de la société Borneo Prima est omniprésente.

Le long des routes, la machinerie lourde de la société Borneo Prima est omniprésente.

Le long des routes, la machinerie lourde de la société Borneo Prima est omniprésente.

« L’Indonésie n’a aucun plan crédible de sortie du charbon », critique Isabella Suarez, ancienne collaboratrice du cabinet de recherche environnementaliste CREA. L’analyste, spécialiste de l’Asie du Sud-Est, pointe aussi le rôle de la Chine et ses 5,5 milliards de dollars investis dans de nouvelles centrales à charbon dans le cadre du projet de nouvelle route de la soie (One Belt One Road), lancé en 2013 afin de développer notamment les infrastructures en Asie et en Afrique. Pour Isabella Suarez, Pékin exporte peu à peu son industrie du charbon :

« Malgré sa promesse de cesser de financer des centrales à charbon à l'étranger, la Chine est devenue l'un des principaux bailleurs de fonds des centrales captives [liées à des acteurs industriels ou commerciaux pour leur propre consommation d’énergie, n.d.l.r] en Indonésie ».

Tout aussi inquiétante pour le climat : la question du nickel, essentiel à la fabrication des batteries électriques. Bien que ce métal permette à l’Indonésie, qui en regorge, de se profiler comme un acteur stratégique de la transition énergétique, son exploitation fait exploser l’empreinte carbone du pays. « Les processus industriels reposent entièrement sur des fonderies alimentées au charbon. Le paradoxe indonésien c’est qu’en augmentant les batteries électriques, on stimule la production de charbon », soutient Imam de l’ONG Jatam.

Les naufragés du charbon

Nulle autre province que l’Est du Kalimantan ne témoigne aussi bien de cette course extractiviste. Les autorités locales y ont distribué plus de licences qu’aucune autre : la région compte 319 mines de charbon. Lors des périodes de chute des cours, comme entre 2015 et 2020, les mineurs quittent simplement les lieux, sans reboucher leurs excavations ou clôturer le périmètre. Dans un paysage escarpé, les mines abandonnées forment d’immenses lacs gorgés d’eau de pluie. Autour de la ville de Samarinda, dont 80 % sont couverts par des concessions, 80 puits ont été laissés à l’abandon, selon une étude de Jatam datant de 2019.

L’affaire des mines abandonnées est loin d’être une anecdote paysagère. Selon Jatam, 34 enfants se sont noyé·e·s au cours des douze dernières années dans ces lacs artificiels aux falaises fragiles. Le réalisateur indonésien Dandhy Dwi Laksono a consacré un documentaire au charbon, ce fléau qui endeuille les villages. « La mort de ces enfants est encore considérée comme un événement malheureux, et non comme l’échec systématique d’une industrie de masse », dénonce-t-il.

« Le gouvernement ne s'attaque pas au problème, car les politiques en font partie. »

Mais grâce à son film – Sexy Killers, visionné 37 millions de fois –, les familles en deuil prennent peu à peu conscience qu’elles ne sont pas les « dernières victimes » de l’industrie du charbon.

Lorsque le cours du charbon baisse, certaines mines sont simplement abandonnées. L’eau de pluie convertit les puits en lacs, dont la beauté n’a d’égale que leur dangerosité.

Lorsque le cours du charbon baisse, certaines mines sont simplement abandonnées. L’eau de pluie convertit les puits en lacs, dont la beauté n’a d’égale que leur dangerosité.

Lorsque le cours du charbon baisse, certaines mines sont simplement abandonnées. L’eau de pluie convertit les puits en lacs, dont la beauté n’a d’égale que leur dangerosité.

Les sanctions contre le charbon russe et la consécutive remontée des cours ont également eu un effet inattendu sur la région. Comme autour de ce lac bleu de l’Est du Kalimantan, une mine laissée à l’abandon en 2013 par la société Caraka Mulia. Si ces eaux sont privilégiées depuis lors par les touristes locaux avides de selfies – « N’y plongez pas », préviennent toutefois les commentaires de voyageurs sur Google Maps –, Public Eye a pu constater que les mineurs sont revenus dans la région. Alors que seuls quelques arbres avaient été plantés en guise de réhabilitation, les camions circulent à nouveau autour du lac bleu.

Mercuria, entre la transition et les affaires

Mercuria a, elle, tenu bon sur le charbon indonésien à la sortie du super-cycle sur les cours des matières premières en 2015. « Quand les prix ont chuté, les mines locales ont fermé. Mais Mercuria a continué à opérer », confirme un vendeur de brochettes satay, qui semble bien informé des allées et venues des mineurs de la région du Kalimantan du Sud.

C’est dans cette province que l’on retrouve l’une des deux mines de charbon (l’autre étant en Afrique du Sud) de la plus genevoise des grandes multinationales des matières premières, Mercuria. Devant l’entrée de sa filiale Kalimantan Energi Lestari (PT KEL), opérant de jour comme de nuit depuis 2012, un employé s’étonne de voir une délégation helvético-indonésienne venue « faire du tourisme » devant une mine genevoise, dans une région qui ne figure pas forcément au menu des guides touristiques.

L’endroit – avec ses routes grignotées par l’érosion, ses montagnes de calcaire (karst) et ses mines souterraines opérées par des groupes chinois – vaut pourtant le détour. Sur le flanc sud-est, une longue rangée de palmiers à huile masque les 6000 hectares de concession de Mercuria, dont 1000 hectares opérés en ce moment. Production actuelle : 1,5 million de tonnes de charbon, lavées puis expédiées « jusqu’en Pologne », lance fièrement un employé. Il faut dire que la guerre en Ukraine et les sanctions consécutives sur le charbon russe ont fait exploser les cours, rendant le charbon plus profitable que jamais et ouvrant de nouvelles routes commerciales.

Mercuria a racheté cette mine de charbon du sud du Kalimantan. Après une décennie d’exploitation, la société genevoise assure qu'elle se trouve désormais en fin de vie. Sur place, on n’en est pas si sûr.

Mercuria a racheté cette mine de charbon du sud du Kalimantan. Après une décennie d’exploitation, la société genevoise assure qu'elle se trouve désormais en fin de vie. Sur place, on n’en est pas si sûr.

Mercuria a racheté cette mine de charbon du sud du Kalimantan. Après une décennie d’exploitation, la société genevoise assure qu'elle se trouve désormais en fin de vie. Sur place, on n’en est pas si sûr.

Devant les médias et lors des grands événements, Mercuria l’a toujours joué modeste sur le charbon. Au FT Global Commodities Summit de mars 2023, le sommet des matières premières de Lausanne, son patron Marco Dunand avait préféré minimiser le poids du charbon dans le résultat de Mercuria, plutôt connu comme négociant que groupe minier. « 3 % du chiffre d’affaires, ce n’est pas rien », l’avait tancé sur scène une journaliste du Financial Times, qui organise la rencontre. Sur demande de Public Eye, le groupe confirme une recette de 3,48 milliards de dollars (sur un chiffre d’affaires total de 174 milliards) pour la production et le négoce de charbon en 2022. Mercuria en a vendu environ 17 millions de tonnes.

KEL, la mine de charbon de Mercuria est bordée de palmiers à huile. Avec le charbon et l’industrie du bois, l’huile de palme fait partie des grands fléaux de la forêt tropicale de Bornéo. 

KEL, la mine de charbon de Mercuria est bordée de palmiers à huile. Avec le charbon et l’industrie du bois, l’huile de palme fait partie des grands fléaux de la forêt tropicale de Bornéo. 

Le géant genevois n’a toutefois pas souhaité ouvrir sa porte à Public Eye ni autoriser un entretien avec l’un∙e de ses représentant∙e∙s. Mercuria se dit « engagée dans la décarbonation de l’économie » à travers ses investissements dans les énergies renouvelables. « En ce sens, il n’est pas nécessaire de mettre plus en avant la présence déjà limitée de Mercuria sur cette classe de produit [le charbon, n.d.l.r] », estime un représentant du groupe.

Par écrit, la multinationale rappelle toutefois que la roche sédimentaire représente toujours plus du tiers de l’énergie primaire produite dans le monde : « La sortie du charbon de l’équation énergétique doit s’envisager de manière ordonnée en s’assurant d’un bon équilibre offre/demande durant toute la période de transition ».

Mercuria possède sa propre flotte de camions pour transporter ses mineurs de charbon 24h/24.

Mercuria possède sa propre flotte de camions pour transporter ses mineurs de charbon 24h/24.

Mercuria possède sa propre flotte de camions pour transporter ses mineurs de charbon 24h/24.

Chez KEL, Mercuria promet que les « opérations vont graduellement se réduire » après dix ans d’exploitation mais évoque aussi « un potentiel de ressources supplémentaires » qui « devrait encore faire l’objet d’études économiques de faisabilité ».

Ce n’est pas dans la région, où personne n’a entendu parler d’un plan de sortie ou de fin de vie de la mine, que l’on s’en plaindra. La société emploie actuellement quelque 180 personnes et n’accroîtra pas cette main-d’œuvre, assure Mercuria. « La reconversion des personnels sur place est un sujet prioritaire et la fin des opérations minières doit se programmer de manière à assurer une transition la plus souple possible vers des activités alternatives », insiste son représentant. Les salaires sont par ailleurs élevés, selon les standards régionaux. « Un conducteur de camion peut gagner jusqu’à 12 millions de roupies par mois [730 francs] », confirme un tenancier. C’est trois fois le salaire minimum.

L’avenir de KEL semble plus incertain au siège genevois que sur place. Sur le site internet de Mercuria, la page faisant référence à ses mines de charbon a disparu après notre échange. Que la communauté locale se rassure : KEL publie encore des offres d'emploi.

« Tali asih », la charité minière

Une fourre marron manipulée nerveusement. Sur le devant de la pochette, Dewi Sertika a consciencieusement annoté en bahasa : « Cahier des charges avec BP (Borneo Prima) ». Au fil de son récit, la jeune quadragénaire en extirpe les documents et certificats qui illustrent son propos. Comme si son existence et le sort de ses quatre enfants étaient tout contenus dans cette fourre.

Le premier document, c’est une lettre de reconnaissance de propriété d’une parcelle de trois hectares. Désormais située dans la concession exploitée par la mine, elle a déjà permis à BP « d’extraire des tonnes de charbon », selon la Dayake. Après avoir fait des pieds et des mains à la mairie, Dewi Sertika a fini par obtenir la précieuse lettre. « Mais ils disent qu’elle n’a aucune valeur juridique », hasarde celle dont la sœur a également vu sa maison détruite par les bulldozers de BP.

Le tokahan de la tante de Dewi Sertika est situé dans le périmètre de la mine. Dans les croyances dayakes, c’est dans ces mâts sculptés que repose l’âme des défunt·e·s.

Le tokahan de la tante de Dewi Sertika est situé dans le périmètre de la mine. Dans les croyances dayakes, c’est dans ces mâts sculptés que repose l’âme des défunt·e·s.

Le tokahan de la tante de Dewi Sertika est situé dans le périmètre de la mine. Dans les croyances dayakes, c’est dans ces mâts sculptés que repose l’âme des défunt·e·s.

Le deuxième, c’est un accord obtenu avec BP pour la pousser à déplacer le tokahan de sa tante, décédée l’année dernière dans le périmètre minier. Dans la tradition dayake, cette statue représente l’âme de la défunte, et les prestataires de BP n’ont pas osé y toucher de peur de s’attirer le mauvais œil.

Le troisième et dernier document est un contrat qui ne dit pas son nom. Il est daté du 20 janvier 2023 et les mots « Tali asih » y figurent en gras, soit – dans la conception indonésienne – une sorte de charité. En effet, en y lisant de plus près, BP résout le « problème » Dewi Sertika en lui échangeant ses trois hectares contre une petite « donation », devisée à 10 millions de roupies l’unité (soit 607 francs). Elle l’assure pourtant : « Je n’avais pas conscience de vendre mes terres au moment de signer ce document ». La suite du texte stipule que Dewi Sertika et ses héritiers et héritières s’engagent à renoncer à poursuivre la société minière. « C’est une copie, BP a gardé l’original », précise-t-elle, alors que ses enfants surveillent discrètement les visiteurs derrière le rideau du salon.

Plus « déçue que fâchée », Dewi Sertika se veut reconnaissante de l’argent tout de même déboursé par la société minière. Elle avoue pourtant ne pas comprendre l’attitude des autorités locales qui semblent, elles, plus soucieuses des intérêts des investisseurs miniers que de protéger la communauté.

Avant de s’éclipser pour aller chercher de l’eau à la rivière, elle glisse encore : « Le chef du village de Tumbang Olong II m’a même dit que nous devrions avoir honte de protester, nous qui utilisons la route de BP ». Les voies du développement sont décidément bien impénétrables.

*prénom modifié

Les nuages de poussière levés par les camions transportant le charbon de Borneo Prima sont visibles au loin.

Les nuages de poussière levés par les camions transportant le charbon de Borneo Prima sont visibles au loin.

Les nuages de poussière levés par les camions transportant le charbon de Borneo Prima sont visibles au loin.

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Reportage : Adrià Budry Carbó, Public Eye
Rédaction : Géraldine Viret
Photos et vidéos de drone : Muhammad Fadli / Panos
Montage vidéo : Maxime Ferréol ; images : Muhammad Fadli / Adrià Budry Carbó
Illustrations : opak.cc
Conception web : Fabian Lang